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NYSA
30 novembre 2013

De Cagèse à Martigues

De Cargèse à Martigues

Mercredi 20 novembre 2013 : Attente dans le bateau. Une petite séance de jogging pour aller au village perché. Achat de silicone pour Marcel. Restaurant. L’après-midi, ré-opération de Marcel. En essai 1 heure durant exposé aux intempéries : résultat, il reprendra son quart comme tout le monde, décrété guéri.

Jeudi 22 novembre 2013 : Ré-étude de la météo : nous partirons demain au petit matin pour la traversée

Vendredi 23 novembre 2013 : Lever à 4h30 (du matin pour ceux qui ne suivent pas). Un dernier regard sur la météo avant de partir. Contre-ordre : la météo n’est pas favorable pour la traversée, nous irons donc à Calvi, ce qui nous rapprochera et la traversée sera moins longue et s’il faut attendre, nous serons dans la civilisation. La mer est bien formée, des creux de 4m, mais peu de vent. Arrivée à12h30.

Samedi 24 novembre 2013 : Journée pluvieuse à Calvi, sans interruption.

Dimanche 25 novembre 2013 : Lever, météo. « Dans une heure, on y va ! » s’écrie Roland. C’est comme ça qu’on est partis, gros temps mais pas exceptionnel. Arrivée à Cavalaire lundi à 2H00 du matin. Grasse matinée suivie de l’invitation de Danièle et Bernard, beau-frère et belle-sœur de Roland. Nous passerons même la nuit dans un vrai lit, dans le sec, au chaud, sans tangage, ni roulis !

Mardi 26 novembre 2013 : Appareillage par vent nul. Marcel est mis à poste : déception, il faut le réformer définitivement, inapte à remplir sa tâche de marin. Nous arrivons à La Ciotat

Mercredi 27 novembre 2013 : Revenant des sanitaires, la lecture de la météo affichée inspire Roland : « C’est OK, on y va » m’annonce-t-il triomphalement. Je pensais avoir un peu de répit à la Ciotat en prenant des cafés dans les bistrots sur le port. Une fois quitté le port, Roland me dit que nous aurons peut-être de la neige le long de la côte. Alors là, si en plus ça glisse sur le pont, c’est le bouquet ! Et il me l’annonce après le départ ! Si même les amis commencent à vous cacher des choses… Nous sommes au moteur. Près du cap Cépet, une vedette s’approche de nous. C’est un bateau blanc. Un gars essaie de nous parler. Il nous demande d’écouter le canal 6 sur la VHF et de nous dérouter au sud. Le ton étant ferme, mais courtois, nous satisfaisons à sa demande. Le canal 16 nous parle : « Ici la Renardière à voilier Nysa, nous faisons des essais de tir, veuillez faire route au sud ! Appelez-nous dans un quart d’heure.» Dans ces conditions, nous obtempérons. Si de plus il faut essuyer les tirs de torpilles… Un peu plus tard l’autorisation nous est donnée de reprendre notre route à l’ouest. Le vent se lève, nous décidons de mettre le moteur au repos. Vent arrière, grosse houle, la grand voile seule établie, nous sommes déjà à 5,2 nœuds. Un peu de génois et c’est à 6 nœuds que nous sommes propulsés. Nous tutoyons les 7 nœuds. Un voilier timide longe la côte, au moteur. Pas un marin ça ! Nous passons au large de l’île Riou pour être moins perturbés par la houle. Le phare du Planier est en vue, ça sent l’écurie. La mer est forte, Nysa est difficile à tenir. Roland est à la barre, il a le sourire. Plus ça brasse, plus il aime ça. Pendant ce temps, j’étudie la route à la table à carte; ou si vous préférez, je reste au chaud en attendant la relève, mais pas pressé. Il fait 7°C dehors, il fait tout de même 11°C dedans. Soudainement, le bateau se met à la gîte, d’une manière imprévue et inconnue jusqu’à ce jour. Je vois notre saladier en mélamine qui joue les frisbees en atterrissant sur la banquette opposée je m’accroche dur aux poignées. J’imagine un certain Luc à bord, il l’aurait certainement arrêté le projectile dans sa course avec l’oreille gauche, reposant la mâchoire sur le bar, ébranlant ainsi probablement 2 ou 3 de ses molaires, abîmant le bois par la même occasion. Curieusement, la boîte à œufs est restée à sa place dans son équipet. Le bateau a profité de ce que j’étais en train d’écrire le blog pour me secouer de la sorte. Je monte voir Roland dans le cockpit pour savoir s’il était toujours à bord, et m’enquérir de la situation. Il est toujours là, serein : « je me suis fait embarquer par une déferlante ! ». Je redescends, car il n’y avait aucune raison pour que je reste davantage dans le cockpit à recevoir les embruns. Je reprends mon job, et là, encore une sévère auloffée. Le commentaire de Roland « celle-ci je l’ai vue venir, mais je n’ai pas pu l’éviter ! » Ne t’inquiète pas ! Je ne l’ai pas vu venir moi, mais je l’ai sentie. J’abandonne toute idée d’écrire, et renonce à attaquer un sudoku. Roland m’appelle pour empanner afin d’avoir une allure plus confortable. La mer est blanche, c’est une vraie lessiveuse. Des vagues de 2m annoncées, on en a 4. La nouvelle allure nous fait aller à la côte ; pas de problème, nous ré-empannons et nous recommencerons plus tard. Un coulisseau de la voile a cassé, preuve que les sollicitations sont fortes. Le gréement encaisse des coups durs mais il résiste. Même pas peur ! C’est ainsi que nous rejoignons le golfe de Fos après le coucher du soleil et nous nous engageons dans le canal de Caronte. Le vent a bien baissé, nous accostons. C’est la dernière manœuvre de notre croisière. Demain nous serons sortis de l’eau, Nysa reposera sur bon ber. Heureux d’être arrivés, nous fêtons le retour devant un pastis mérité.

Nous avons eu bien des soucis, affronté des situations difficiles mais nous nous en sommes toujours bien sortis. Il faut remercier les dieux qui nous ont protégés. Tout d’abord Eole, même si parfois il était violent, ou fâché en soufflant dans le sens contraire de notre attente, il n’a pas été rancunier. Poséidon, dont on ne se méfiait pas trop, nous a bien envoyé des vagues plus hautes que nous ne le méritions, mais il savait s’arrêter avant nos limites. Nous remercions également Héphaïstos, le dieu forgeron vivant sous la terre près des volcans, sans doute le dieu des moteurs à ce titre, qui, si sa farce était d’un gout douteux, ne nous a pas mis en danger. Dionysos ne doit pas être oublié, même s’il a bu le Ricard à notre place en nous laissant en manque, il nous a toujours laissé un cubi plein. Zeus dans tout ça doit avoir une part de reconnaissance de notre part car il a veillé sur nous depuis l’Olympe. Nous n’oublions pas San Francesco di Paola, ( patrono della gente di mare ) que nous avons connu à Anacapri (il porte les mêmes sandales que celles de Luc)

Au fait, savez-vous pourquoi le bateau s’appelle Nysa ? Je vais vous le dire, mais auparavant, je vous dis au-revoir, en vous remerciant d’avoir suivi nos aventures, et nous avoir encouragés. Je vous dis donc à bientôt pour une nouvelle croisière avec nous !

L’équipage : Maître timonier-météo Roland, Maître cordon bleu Luc, Maître sornettes Jean-Pierre.

PS : Et n’allez pas croire que je vous ai tout raconté !

Nous avons parcouru 1784 milles dont 40% à la voile, le tout à une moyenne de 4,40 nœuds en 400heures de navigation. Nysa sort 72 jours par an. (Corse, Espagne et virées autour de Marseille)

 

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Nysa

Zeus était un fieffé cavaleur et sa femme Héra était très jalouse. Un jour, Zeus rencontra Smélée dont il tomba follement amoureux. Il lui promit en jurant sur le Styx de lui réaliser un vœu. Smélée, influencée par Héra, demanda à le voir dans sa splendeur de Souverain des Cieux et Maître de la foudre, ce qui n’était pas possible pour un mortel sans perdre la vie.

Ayant juré par le Styx, Zeus ne put rompre son serment. Smélée le vit donc au milieu de la foudre et des éclairs et en mourut. Mais juste avant de disparaître, Zeus lui arracha l’enfant qui allait naître. Il le cacha dans sa propre cuisse jusqu’à ce qu’il puisse venir au monde. Il le donna alors à Hermès, pour le confier à des nymphes habitant la plus belle vallée terrestre que personne n’avait encore jamais vue. Encore aujourd’hui, personne ne sait où elle se trouve. C’est la vallée de NYSA.

Cet enfant, c’était Dionysos, le dieu du vin, et c’est dans cette vallée qu’il passa son enfance…

-FIN-

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